La plante

Feuille asso gentiana lutea

Gentiana lutea, Grande gentiane ou Gentiane jaune

De la famille des Gentianacées, Gentiana lutea se décline en plusieurs sous-espèces et écotypes parmi lesquels on retrouve lutea, aurantiaca, montserratii, symphyandre ou vardjani. Nous nous intéressons ici à Gentiana lutea L. subsp. lutea. Cette plante herbacée vit de 50 à 60 ans et forme de grosses rosettes de feuilles glabres. Les feuilles sont ovales, larges, profondes, de couleur plus ou moins glauque. Elles possèdent de 5 à 7 nervures saillantes qui convergent vers le sommet du limbe.

La floraison de la gentiane n’est pas systématique, mais elle forme en juin / juillet une ou plusieurs hampes florales robustes d’environ un mettre de haut. Ses fleurs sont jaune vif et étoilées, et se fixent en verticille sur les hampes, à l’aisselle de feuilles en forme de coupe, disposées de façon opposée. La première floraison survient entre entre la 5ème et la 10ème année. Le fruit commence à se former en juillet : c’est une capsule ovoïde qui se termine en pointe. Une fois mûr, il libère une centaine de graines ailées et plates. Un plant peut produire jusqu’à 10 000 graines par floraison ! Ces graines se conservent très peu de temps, et leur dormance n’est levée que grâce au froid et à l’humidité de l’hiver. Le taux de germination observé reste assez faible.

La gentiane jaune est une plante allogame (pollinisation croisée) qui peut aussi s’autoféconder. On lui connaît cependant deux modes de reproduction : la reproduction sexuée et la multiplication végétative, par bouturage du rhizome. En effet, en partie souterraine, la plante se compose d’un rhizome duquel partent de grosses racines. 

Gentiana lutea

Le rhizome de Gentiana Lutea

La structure non fibreuse du rhizome est poreuse. Vus de l’extérieur, rhizome et racines sont de couleur marron, tandis qu’à l’intérieur, ils sont plutôt blancs-crème. Des sillons circulaires parcourent le rhizome et portent les bourgeons des futures rosettes et hampes florales. Par conséquent, lorsque le rhizome se développe, de véritables « touffes de gentiane » se forment à la surface. Leur diamètre sert d’ailleurs d’indicateur de l’âge du plant. Les racines s’enfoncent profondément dans le sol et se ramifient en racines secondaires. On peut noter que toute la partie souterraine de la plante est communément appelée « racine de gentiane ». 

Après avoir fait ses réserves, la gentiane jaune (qui est une géophyte) va faner dés le milieu de l’été et disparaître durant tout l’hiver. La partie aérienne se réduit alors à un bourgeon situé au niveau du sol. Le cycle végétatif redémarre au printemps avec l’apparition en avril / mai de petites endives, futures rosettes de feuilles, qui pointent dans la végétation.

Feuille asso gentiana lutea
Gentiana lutea peut être confondue avec Veratrum album

Confusions possibles entre plantes

Attention, la gentiane jaune peut être confondue avec le vératre, ou varaire (Veratrum album), qui est une plante très toxique ! Le vératre se distingue cependant par sa floraison blanche, ses feuilles alternes aux nervures très prononcées et son chevelu racinaire blanc.

Fleur de Veratrum album

Crédit photo : © F. Le Driant / www.florealpes.com Veratrum album du Puy-de-Dôme

Gentiana lutea peut également être confondue avec deux autres espèces de gentiane notamment présentes dans les Pyrénées et le sud des Alpes. La différenciation ne s’effectue que sur la plante fleurie. La confusion n’est pas dangereuse mais dans le cadre d’une exploitation, ces racines ne sont pas conformes à celles attendues par les industriels.

Gentiana burseri

Gentiana burseri

Elle se différencie de l’espèce lutea par sa fleur jaune pâle et sa corolle soudée (tubulaire) a des pétales souvent ponctués de petits points bruns. Cette espèce se décline en plusieurs sous-espèces : Gentiana burseri subsp. burseri, endémique des Pyrénées où elle pousse au dessus de 1500m, et Gentiana burseri subsp. villarsii, endémique des Alpes.

Gentiana marcailhouana

Gentiana x marcailhouana

Hybride de Gentiana lutea et Gentiana burseri, on reconnait la gentiane de Marcailhou par sa corolle qui est divisée au ⅔. Cette dernière variété est endémique des Pyrénées.

Crédit photo : © F. Le Driant / www.florealpes.com Gentiana marcailhouana des Pyrénées-Orientales

Feuille asso gentiana lutea

Aire de répartition et milieu de la grande gentiane jaune

Elle s’étend sur les alpages du sud et de l’est de l’Europe, jusqu’en Asie occidentale. 

Elle est présente sur tous les massifs en France métropolitaine. Les secteurs à forte densité se situent essentiellement dans le Massif central : les Monts Dore, l’Artense, le Cézallier, les Monts du Cantal et le plateau de l’Aubrac.

On trouve généralement la gentiane au dessus de 900 m d’altitude, où elle affectionne particulièrement les prairies en pâturage bovin (nardaies, prairies et pelouses bien exposées). Elle est également présente sur des landes à airelles, à myrtilles, à callunes ou à genêts.

Carte répartition gentiana lutea
Feuille asso gentiana lutea

Propriétés médicinales de Gentiana Lutea

La principale propriété de la gentiane est apéritive au sens strict. Elle ouvre l’appétit en favorisant la sécrétion salivaire et celle des sucs digestifs par stimulation du nerf vague. On peut aussi mentionner un effet tonique et digestif. D’autre propriétés sont parfois attribuées à la gentiane jaune : fébrifuge, dépurative, vermifuge, anti-dépressive… Cependant, en l’absence d’études scientifiques connues, ces usages reposent plutôt sur les traditions ancestrales.

Feuille asso gentiana lutea

Composition chimique de la racine de gentiane jaune

Dérivés de séco-iridoïdes : gentiopicroside (le plus abondant), swertiamarine, acide loganique, sweroside et amarogentine (le plus amer).

Gentianose, saccharose, gentiobiose, glucose, fructose.

Gentisine, isogentisine, gentiséine, gentioside.