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La filière

Historique

Amère aux multiples vertus aromatiques et médicinales, la racine de gentiane est connue depuis l’antiquité est fait l’objet d’une exploitation commerciale en France depuis plus de 200 ans.

En Europe, la gentiane jaune est utilisée pour ses propriétés médicinales depuis l’Antiquité : le nom « gentiane » viendrait de Gentius (180-168 av. J.C.), dernier roi d’Illyrie (actuelle Albanie), qui en avait fait une de ses panacées. En Allemagne, on commence à distiller la gentiane dès le 17ème siècle.

La gentiane est inscrite à la Pharmacopée française en 1818 et entre dans la composition de nombreuses préparations telles que les poudres, les teintures simples ou composées, et les vins médicinaux. En France, la fabrication d’eau de vie de gentiane se généralise au début du 19ème siècle et restera une tradition dans les montagnes des Vosges, du Jura et des Alpes.

Les premières liqueurs de gentiane sont commercialisées en France à la fin du 19ème siècle. En 1915, une loi interdit la consommation d’absinthe, ce qui propulse la gentiane au premier rang des « amers ».

A cette époque où les établissements thermaux vantent les bienfaits de l’élixir de gentiane, et alors que la plante a une place à part entière dans la médecine familiale (vin de gentiane, etc.), les liquoristeries qui assureront la renommée de la « Gentiane d’Auvergne » s’installent dans le Massif central.

Utilisations actuelles

La racine de gentiane est aujourd’hui principalement utilisée dans l’agro-alimentaire, plus particulièrement par l’industrie des boissons. Appréciée en effet pour ses qualités aromatiques et ses propriétés amères, elle entre dans la composition de nombreuses liqueurs et eaux de vie.

En France elle est également utilisée pour la fabrication de compléments alimentaires, et de produits vétérinaires ou cosmétiques. Elle n’est a priori pas utilisée par l’industrie pharmaceutique sur le territoire national, mais c’est le cas dans d’autres pays comme en Allemagne ou au Japon.

Exploitations de la racine de gentiane

La majeure partie de la production est issue de l’arrachage de gentiane sauvage. Plusieurs modes d’arrachage sont pratiqués par les  « gentianaires » (cueilleurs de gentiane) :

La fourche du diable

L’arrachage manuel à la « fourche du diable » est la méthode traditionnelle, adaptée aux sols profonds et peu caillouteux du Massif central. Cet outil date de 1960. Auparavant, les gentianaires utilisaient un « pic à gentiane » (encore parfois utilisé dans les Alpes et les Pyrénées), ou une « ancre ».

La mini-pelle

L’arrachage mécanisé se fait à la mini pelle. Il s’agit d’une méthode moins répandue et plus récente, souvent contestée. Celle-ci implique un travail en équipe ainsi que des moyens logistiques et matériels plus importants.

Bien que l’utilisation de la mini-pelle implique un plus grand nombre de personnes, ce mode d’arrachage ne permet pas vraiment d’obtenir des rendements supérieurs. Il rend cependant le travail moins pénible et permet d’exploiter des zones caillouteuses, plus sèches ou colonisées pas des plantes résistantes (genêt, callune…). Il a mauvaise image et son utilisation est souvent associée à du pillage de ressource.

Des règles de cueillette durable sont nécessaires afin de pérenniser la ressource :

  • Vérification des réglementations en vigueur,
  • Accord du propriétaire de la gentiane et formalisation d’un contrat écrit,
  • Choix du site : forte densité de gentiane, présence de gros plants, plants à différents stades de développement,
  • Sélection des plants à prélever : préférer les plus gros plants, respecter un taux de prélèvement compris entre 60 et 80 % des plants mâtures, en fonction de la présence ou non de plants à différents stades de développement,
  • Remise en état de la prairie : remettre les mottes en place et reboucher soigneusement les trous,
  • Observer un délai de 15 à 30 ans entre 2 arrachages, en fonction de la date du précédent arrachage, des pratiques agricoles, de la nature du sol…

Culture gentiane jaune
L’essentiel de la production est issue de l’exploitation de gentiane sauvage, mais Gentiana lutea peut se cultiver : on estime à environ 50 ha la surface de cultures en France, réparties entre la Normandie et le Massif central.

Réglementations et espaces protégés

Amère aux multiples vertus aromatiques et médicinales, la racine de gentiane est connue depuis l’antiquité est fait l’objet d’une exploitation commerciale en France depuis plus de 200 ans.

  • Au niveau Européen, Gentiana lutea L. est une plante considérée comme menacée. Elle figure sur l’annexe V de la directive Habitat, ce qui implique qu’elle peut localement être soumise à réglementation. L’arrachage de gentiane est réglementé, voire interdit, dans plusieurs pays d’Europe : Allemagne, Suisse, Autriche, Espagne… D’un point de vue commercial, la gentiane jaune est inscrite sur l’annexe D de la réglementation CE. Sur cette liste figurent les espèces non classées sur les annexes I, II ou III des CITES (Convention de Washington), espèces dont les volumes importés vers les différents états membres justifient une surveillance,
  • En France, Gentiana lutea L. n’est pas considérée comme une espèce en danger, cependant son prélèvement peut faire l’objet d’une réglementation préfectorale temporaire ou permanente : à l’échelle régionale le prélèvement est interdit en Champagne-Ardennes et à l’échelle départementale le prélèvement est interdit ou réglementé dans 13 départements : Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Ariège, Doubs, Drôme, Isère, Jura, Loire, Haute-Saône, Savoie, Var et Vaucluse.

Attention ! La réglementation évolue. Il est nécessaire de vérifier ces informations avant d’entreprendre tout prélèvement de gentiane. D’autres réglementations liées aux espaces protégés peuvent aussi exister : Parcs ou Réserves Naturelles, zones Natura 2000, ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique), etc.